Le Vin des rues

Redécouvertes

ISBN: 9782842639259

Genre: Récit(s)

Date de parution: 01/11/2017

Nombre de pages: 288

Couverture : ADP

Prix: 19€

Précédé de: Robert Doisneau

Le Vin des rues

Redécouvertes

Le Vin des rues a paru pour la première fois en 1955 aux éditions Denoël, amputé du chapitre Carrefour Buci (publié par Le Dilettante en 1987), qui retrouve sa place légitime dans la présente édition. Le Vin des rues, à consommer sans modération.

Résumé :

Giraud vous raconte des histoires sur le ton d’une simple conversation, exactement comme si vous étiez avec lui au comptoir devant un bon beaujolais Chez Fraysse ou bien Chez Paulo qui verse l’Algérie dans des demis. (…) En traînant la savate sur les quais, en reniflant l’odeur de céleri des Halles, en perdant ses nuits dans les bistrots de Maubert, Giraud peut vous raconter un Paris que vous ne pouvez pas connaître. Mais ne vous y trompez pas, Giraud n’est pas un montreur de monstres. L’essentiel, le merveilleux de ce livre, c’est que des acteurs écorchés par la nuit jouent sur des motifs vieux comme le beau monde : l’amour, l’argent, l’honneur. Il y a là-dedans un monde fou qui rêve tout haut ; et savez-vous que tout cela est vrai ? Un personnage principal : le vin qui coule dans tous les figurants et surtout, sérum de vérité, qui délie les langues. Robert Doisneau, dédicataire du Vin des rues, évoque ainsi son complice dans la préface à ce livre. Ensemble ces deux-là, baptisés "la paire de Robert" par des esprits facétieux, ont exploré ce Paris inconnu et aujourd’hui disparu. Nul mieux que Doisneau ne pouvait présenter ce fleuron de la littérature parisienne des souvenirs et de l’amitié.

On en parle :

Dans les années 1950, Robert Giraud a passé ses nuits à arpenter les berges de la Seine et à pousser les portes des troquets du cœur et du ventre de Paris. Il en a tiré son “Vin des rues”, un nectar à (re)lire sans modération.

" En traînant la savate sur les quais, écrivait Robert Doisneau en préface de ce livre, en reniflant l’odeur de céleri des Halles, en perdant ses nuits dans les bistrots de Maubert, Giraud peut vous raconter un Paris que vous ne pouvez pas connaître. Mais ne vous y trompez pas, Giraud n’est pas un montreur de monstres. L’essentiel, le merveilleux de ce livre, c’est que des acteurs écorchés par la nuit jouent sur des motifs vieux comme le beau monde : l’amour, l’argent, l’honneur." L’un des acteurs, c’est aussi le vin et " l’âme du vin ", expression que Giraud tient à mettre entre guillemets. Le vin " n’est pas tellement une rigolade, c’est mieux que ça, comme un trait d’union entre deux hommes, une sorte de rite secret, de prière, jamais à sens unique ". Définition à laquelle Antoine Blondin aurait certainement souscrit.

Il a ses quartiers, Giraud : les Halles, le carrefour Buci, Maubert, Mouffetard, un petit centre en fait, véritable écrin de bistrots. Et pas loin, il y a la Seine : elle "ne dort jamais dans sa traversée de Paris la nuit, les aspirants à la noyade tombent des ponts comme des pommes à la saison. D’immenses yeux à fleur d’eau s’agrandissent d’une arche à l’autre, la Seine est un pot-au-feu, un bouillon gras, abandonné, ses légumes en forme de barques ou de péniches solidement arrimées aux rebord de la casserole : les quais ". C’est sur ces berges que, la nuit ou au soir tombant, les silhouettes marchent à pas feutrés. Ce sont les amoureux qui recherchent les coins sombres ou des types qui préparent des mauvais coups. Mais le copain l’Arbi veille, il est comme Fantômas, il voit tout, entend tout et sait tout. L’Arbi n’a qu’un œil, l’autre a été perdu dans une bagarre. Blessure dont il s’est sûrement vengé, son tatouage – un poignard autour duquel s’enroule un serpent – laisse entendre qu’il n’est pas homme à laisser impuni ce genre d’affront. C’est un clochard philosophe qui dépense l’argent qu’il peut récolter en boisson, du vin s’entend, d’Algérie si possible, son pays : " J’ai de l’argent pour payer, dit-il à Giraud, et l’argent, c’est comme le train, faut que ça roule."Trop de vin, sans doute, à l’origine de la noyade de l’Arbi… 

De journaliste à bouquiniste

Robert Giraud connaît ces hommes-là, leur besoin de grand air par refus de l’enfermement. C’est que lui-même, né près de Limoges en 1921, ne connut pas les cabinets d’avocats ou de notaires où il aurait pu atterrir avec ses études de droit. Résistant, arrêté par la Gestapo, il restera plusieurs mois en prison et échappera de peu à l’exécution grâce à la libération de Limoges par les maquisards de Georges Guingouin. Ensuite, il sera journaliste à Franc-Tireur, Paris-PresseFrance-Soir et Qui ? Détective, avant de devenir bouquiniste. Les quais, encore ! Le Vin des rues est une belle promenade littéraire et humaine, âpre et poétique, et si l’on songe à René Fallet ouHenri Calet, c’est sans doute que certains hommes se ressemblent, à leur façon de dire la vie, autour d’un verre de vin ou pas.

Gilles Heuré, Télérama, 30 octobre 2017

 

Robert Giraud, alias Bob le flambé, (…) coiffé en pétard, artificier de cet argot qui, selon Eugène Sue s’élevait jusqu’à la poésie, connaissait Paris comme sa poche. Cela tombe bien " Le Vin des rues ", prix Rabelais en 1960, a du costard. c’est de la torchée en caviar, de la ballade villonnesque, un style maousse, préface de Robert Doisneau, avec viron aux Halles, le long de la seine, au carrefour buci, à Maubert, à la Mouff, le tout complété par une odyssée de la boutanche en compagnie de Pépé, un drille de l’Etat surblazé le Gorille, Romano ou Ruskof, installé derrière la mairie de Montreuil, qui en connaissait un rayon pour se laver le tuyeau, se graisser le tobboggan, se mouiller la meule. Oui, dans" Le Vin des rues ", auprès des michetonneuses, des marloupattes, des clodomirs et des harengs de salade. On boit. On descend. On écluse.  (…) 

Entre Boudar, Eugène Sue, Simonin et Raymond Guérin (celui de" La main passe" ) il y a Robert Giraud, Balzac en bada de velours, fier dentelier de la bibine. Lisez-le. Vous ne serez pas déçu.

Jules Magret, Service Littéraire, novembre 2017

 

Mieux qu’un livre d’histoire sur la capitale, mieux qu’une chanson de Tom Waits ou un classique de Tod Browning, voici Robert Giraud "le seul écrivain qui a mis Paris en bouteille" : il n’y a pas qu’aux Etats-Unis qu’on sait faire de la" narrative non-fiction "…

Nicolas Ungemuth, Le Figaro Magazine, du 24 au 30 novembre 2017


Gi­raud a ad­mi­ra­ble­ment ré­sisté à l’épreuve du temps. Comme in­dif­fé­rent aux modes, il s’est peut-être même bo­ni­fié. En­ten­dez que sa phrase est tou­jours aussi sé­dui­sante, aussi gri­sante.

Gérard Guégan, Sud Ouest Dimanche, 26 novembre 2017


Spécialiste de l’argot, expert ès bas-fonds, ami des clochards et des prostituées, Giraud connaissait tout le monde et restituait à merveille l’atmosphère des quartiers populaires et les mœurs exubérantes de ses amis de comptoir, " paumés, crevards, sans-boulot, tricards, repris de justice, libérés de taule ". Le style, truffé d’argot, ressemble presque à du vieux français, mâtiné d’éclats poétiques et de dialogues impayables. L’ivresse, voyez-vous, "fait éclore parfois le don des mots et des phrases "…

Bernard Quiriny, Le Magazine Littéraire, 4 décembre 2017

 

Dans le Vin des rues, Robert Giraud dresse une géographie sentimentale de Paris, avec les bistrots pour ports d’escale.(…) Ce qui est reposant, ici, c’est que Giraud ne délivre pas de messages sur la pauvreté ou l’alcoolisme. Sans doute parce que c’est un poète. Il rend simplement ce monde disparu, ses grandeurs et ses malheurs, ses épopées minuscules et ses défaites secrètes dans le Paris-Atlantide des années cinquante.

Jérôme Leroy, VA, 14-20 décembre 2017


Au cours de ces virées copieusement arrosées, Giraud entraîne son lecteur, "a pinces ", dans un Paris aujourd’hui disparu. Un volume qui trouvera la place qui lui revient entre ceux de Léon-Paul Fargue et ceux de Jacques Yonnet.

Didier Garcia, Le Matricule des Anges, janvier 2018

 

WEB

Les Robert faisaient en effet la paire, comme on le sait, l’un introduisant l’autre auprès des types les plus bizarroïdes, et le deuxième, qui n’était pas le dernier pour lever le coude, immortalisant des tronches et des ambiances pour ceux qui ne savent pas lire et pour tous les futurs nostalgiques du noir et blanc populaire. 

 Carlos Pardo, 9 novembre 2017, Lire ici

 

Au fond, Robert Giraud, c’est le chaînon manquant entre Restif de la Bretonne, célèbre piéton-noctambule de la fin du XVIIIe siècle, et les Brèves de comptoir du Jean-Marie Gourio d’aujourd’hui.

Richard Sourgnes, papalitetmamancoud, 22 novembre 2017