Au Nord de Mogador

Découvertes

ISBN: 9782842639310

Genre: Poésie

Date de parution: 07/02/2018

Nombre de pages: 128

Couverture : photo @ ADAGP / ALM / Nicole Hellyn

Prix: 15€

Exemplaire du tirage de tête: 60€

Au Nord de Mogador

Découvertes

Un nouveau cahier de poèmes qui tente de prendre aux rets du mètre classique les fuyantes extases de l’amour masculin et de garder encore la verdeur d’un corps promis à la question :

Qu’est devenue alors cette perte de sperme ?

 Donna-t-elle à un arbre de faire qu’il germe ? 

Résumé :

Par deux fois déjà, le poète William Cliff, Belge au beau nom de pirate, a fait halte au Dilettante, le temps d’y poser son sac, nous offrant, mains fiévreuses et regard ébloui, provende de poèmes et volée de beaux vers, le reposoir de son cœur et l’élixir de ses souffrances : avec Conrad Detrez, ce fut l’hommage à l’ami disparu; Amour Perdu évoque, d’élans soudains en fougueuses escapade, des amours mâles qui jalonnent sa route et ponctuent ses heures. Avec Au Nord de Mogador, assidu toujours à jouer de la rime et à régler son vers comme on touche de l’épinette ou jongle du couteau, William Cliff assemble un herbier d’instants, dévide une corde où chaque nœud sert à marquer la vitesse de la vie, ses cadences rudes, ses points de force. Il nous y parle, dans une langue qui est celle de Maurice Scève, du Shakespeare des Sonnets ou d’Apollinaire, de villes ou de pinsons, de regards échangés et du poids de la terre, de menus instants qui illuminent le monde, de l’église Saint-Merri, d’un avion pour Philadelphie, d’un prince dans une gare croisé ou d’une panne d’électricité. Des moments sertis dans le vers, des lueurs prises dans l’ambre du mot qui font de William Cliff, là comme un tas de viande surannée / transpercé par le cri d’un oiseau forcené, un poète absolument contemporain. 

On en parle :

Recueil de sonnets du poète belge, suite autobiographique sur sa jeunesse wallonne, l’errance, les voyages, la religion, la maladie. Et un beau travail sur la langue, les langues et leurs rythmes.
La Montagne, 21 janvier 2018

La poésie est ici expressive, immédiate, fluide. (…) Dans le périple de ces portraits de voyages et de voyageurs, avant tout, on préserve la douceur des choses les plus anodines : C’est agréable d’être nu et de lire un livre. Autant que de s’embarquer Au Nord de Mogador.
ActuaLitté, 5 février 2018

William Cliff nous invite au voyage. Chaque poème conte une histoire. Au fil des pages, de la Belgique à l’Argentine, on traverse bien des gares et des grand-places, on en croise des passants, des insomniaques, des Rosalie, des chiens errants, et même, dans un poignant, Chant des morts, des détenus que libère le souffle du vent d’hiver. Chez William Cliff, tout, des voyages au long cours aux petits riens de la vie, est prétexte à un poème. Une poésie brute, soudain lyrique, avec ou sans rimes, une poésie sans filtre, mais fluide comme un souvenir qui aurait mûri et embelli avec le temps.
Anne-Sophie Hache, La Voix du Nord, 9 février 2018

Des poèmes qui rendent hommage aux extases de l’amour masculin et a la jeunesse des corps.
Livres Hebdo, 16 février 2018

Il y a du Rimbaud et du Villon chez cet homme, célébré en 2015 par le prix Goncourt de poésie pour l’ensemble de son œuvre. Et pourtant, c’est l’enfant à l’accent belge qui souvent transparaît dans sa conversation, celui du petit séminaire de Basse-Wavre qui tentait de parler avec cet accent de hauteur… afin de ne point paraître arriéré. Un garçon qui cherchait les corps-à-corps dans l’étreinte fébrile tout en craignant à l’infini les foudres du père qui le traita en paria. Un poète qui écrit parce qu’il n’est bon qu’à ça : et nous poètes ne devons-nous pas écrire pour nous éviter de nous enfoncer au pire en nous oubliant dans une coupable absence ?
Christine Ferniot, Télérama.fr, 27 février 2018

Les poèmes de William Cliff semblent des feuillets jetés ici ou là, au fil d’une vie et de voyages. Rattrapés de justesse et rassemblés les uns après les autres comme ils ont été retrouvés dans Au nord de Mogador. Il n’y a pas de thèmes triviaux, quoi qu’on puisse penser des sujets souvent banals dont il s’empare, à Gembloux ou ailleurs. Car la grâce des alexandrins inscrit toute chose dans un rythme que le poète force parfois en intégrant un tréma là où le dictionnaire n’en met pas, pour dissocier deux syllabes. Le procédé peut sembler artificiel, mais l’écrivain plie la langue en utilisant son espièglerie déjà citée. Et on le suit avec un bonheur constant partout où il pose les yeux, partout où ses voyages le mènent.
Pierre Maury, Le Soir, 10 mars 2018

Unissant la rime et les thèmes du quotidien, William Cliff pratique le décasyllabe avec naturel, aime l’alexandrin et le vers de quatorze pieds pour mieux s’attaquer au vrai corps du poème. Le mariage de la prosodie savante et de la vie sans fard lui va bien (…) Cliff est un marcheur, un voyageur souvent atteint de mélancolie, du côté du café Kosmos à Munich ou de Saint-Nicolas-Waes en Belgique. L’enfance chez lui n’est pas une nostalgie, car il n’a rien oublié de ses années d’ordinaire misère au petit séminaire ou au collège de la Hulle. Il écrit sobrement Docteur, le bonheur n’est pas toujours évident, puis repart les mains vides, sans ordinateur ni téléphone, mais probablement avec un carnet en poche. Silhouette timide, vieux jeune homme souriant par politesse, il laisse derrière lui ces rimes si belles, intemporelles et contemporaines.
Christine Ferniot, Télérama, 13 mars 2018

Ses vers donnent une grandeur à la médiocrité sans la passer à la feuille d’or, ils la saisissent au col, fraternellement, s’y reconnaissent de ville en ville. (…) Poésie de la fuite hors de soi et de la solitude, de l’enfance revisitée, de la mémoire du corps et du désir, elle frappe par cette constance à donner du talent au banal par un lyrisme prosaïque. Et elle s’étonne de poursuivre, encore et toujours son chant, comme ce pinson obstiné que nul n’écoute. (…) Autobiographie plus que semainier, cette poésie se lit comme le roman d’une vie qui s’astreint au vivre et s’étonne à se croiser soudain au détour des années. Seul sur le pont, le poète tient son journal de bord quand tous ont déserté, sauf les images anciennes de chiens errants sur la plage, ou d’une bouche très gonflée, alors que passe sous la fenêtre de l’omnibus l’impatience de l’adolescence.
Sophie Creuz, L’Echo, 17 mars 2018

Au Nord de Mogador égrène d’autres jours, d’autres paysages du monde tel qu’il va, de sa vie telle qu’elle est.
Jacques Franck, La Libre, 19 mars 2018

Une silhouette déambule sur les terres désertées d’un plat pays recouvert de brume et de brouillard. Cette silhouette est celle d’un vieil homme. Il est belge, il est poète, il marche et se souvient. Dans ce recueil qui se compose comme un carnet de bord en vers, William Cliff, 77 ans, apparaît sous les traits d’un être solitaire, nostalgique et apaisé. Arpentant les paysages silencieux de son passé, il raconte des instants noueux, là une panne d’électricité, là l’intrépide démarche d’un jeune garçon croisé sur un quai de gare, là l’oreille sourde d’une femme gonflée de prétention. Le poète n’a plus l’âme inquiète. Il prend des trains et se laisse guider par la lenteur cahotante des villes traversées. Il y a des souvenirs d’enfance, des images d’anciens passages en Amérique du Sud et aux États-Unis. L’image est nette, narrative, tendue de réalisme, tenue serrée dans une métrique à peine perceptible et pourtant impeccable de précision et de sens de la cadence. Le poète reste à distance, affleurant les objets par la seule force pénétrante de son œil abrupt et lumineux. Le tout semble écrit avec un sentiment d’urgence et de nécessité teinté d’une délicieuse désinvolture.
Estelle Lenartowicz, L’Express, 28 mars au 3 avril 2018

William Cliff élève le banal au sonnet, deux recueils du Belge empreints de mélancolie vivable.
Guillaume Lecaplain, Libération, 22 avril 2018

AUDIOVISUEL

Chronique littérature de Sophie Creuz sur Musiq3 – RTBF – 26/02/2018. Disponible ICI

Chronique d’Arthur Dreyfus, dans Plus on est de fous, plus on lit ! radio-Canada – 05/03/2018. Disponible ICI (curseur 12:54)

Écouter Jacques Bonnaffé lire la poésie de William Cliff sur France Culture :

Émission du 23 avril 2018 Face à face, la vie même

Émission du 24 avril 2018 Laudes mystiques

Émission du 25 avril 2018 Auteur d’allures

Émission du 26 avril 2018 Le ciel de Gembloux

WEB

Le Dilettante publie Au Nord de Mogador un nouveau recueil de William Cliff, dont on ne dira jamais assez qu’il est, parmi les vivants, un des plus grands poètes de langue française. Il y a dans chacun des poèmes réunis Au nord de Mogador, ce réalisme poignant qui porte le regard de Cliff vers l’essentiel des lieux et des circonstances qu’il traverse. Le vers régulier toujours, la rime parfois, sont autant de contraintes qui forcent l’émotion à rejoindre l’infiniment sensible, où qu’il se trouve. Que ce soit Au Nord de Mogador un homme s’avançait/dans son champ derrière un soc tiré par ses bêtes,/un âne et un chameau qu’il avait assemblés/pour labourer son champ ainsi depuis des siècles ; que ce soit à Manhattan, dans la cantine d’un YMCA où il y avait une chaleur, une torpeur/dans tous ces gens ensommeillés qui mastiquaient/muettement leur nourriture/, et d’où le poète s’en allait une fois alimenté dans la ville, nous donnant une des clés de l’inspiration : moi j’étais enchanté de m’en aller de-ci/de-là au gré de mon oisiveté qui me/portait n’importe où m’étonnant des choses rares/. Ailleurs dans l’espace, Cliff nous entraîne au gré des sillages urbains (Munich, Granada, Paris, Philadelphie…); autrefois, dans le temps, Cliff nous invite aux explorations de la mémoire adolescente , des amours ferventes et sans lendemain. (…) Partout le sentiment nous vient de connaître avec le poète ces terrifiants instants de solitude et d’abandon (Le plancher des vaches : (je) rentrais pleurer en écoutant un disque/à genoux devant les haut-parleurs pour ne pas / déranger (…)/), ces vagues d’empathie et de pitié (Le veuf), ces déferlements d’angoisse (Mélancolie). On voudrait citer chacun de ces poèmes, dont le reflet apparaît dans la sombre lueur de ces vers choisis dans Le chant des morts : En ces pays de solitude/où le brouillard s’étend sans fin,/nous ne voyons dans l’étendue/qu’un monotone et long destin. Est-ce de cette manière, intense et régulière, de former des vers que nous vient toujours la sensation d’une poésie singulière, envoûtante, réelle et vraie, sincère comme celle de Baudelaire?
Jean Jauniaux, LIVRaisons, 16 janvier 2018

Ainsi (…) vers le soir de sa vie, William Cliff est revenu gambader dans ses campagnes natales pour chanter encore la nature, la paix, la douceur, la tendresse, la beauté et surtout la sagesse et la tolérance.
Denis Bilamboz, Critiques Libres, 6 février 2018

William Cliff est ici tout en pudeur et retenue : cela rend son long poème découpé en fragments passionnants. Il s’incruste dans la chair et rebondit sur la peau des êtres et des villes que l’auteur traverse hier comme aujourd’hui. Le texte devient le théâtre portatif de la beauté et de l’abjection, du sordide et du lumineux. S’y décuplent par l’éclat diffracté du découpage, les extases quotidiennes et les petits malheurs des jours.
J-P G-P, Libr-critique, 25 février 2018

L’un des charmes les plus sûrs de la poésie de Cliff tient ici au mélange des tons, des formes, des époques et des lieux.(…) Comme il n’est plus question de raconter ses voyages (America, En Orient), sa vie jusqu’à trente ans (Autobiographie) ou de tenir son journal toute une année durant (Journal d’un innocent), le poète fait un peu tout cela, et en même temps. (…) Formant diptyque avec le monomaniaque Matières fermées (La Table ronde, 2018), Au nord de Mogador s’en distingue donc par la variété des formes poétiques et par le souci de la chute, du concetto. (…) Même dans ces Laudes il met de l’ironie : c’est la rançon selon lui de l’écriture en vers… Le vers est nécessairement religieux, écrit a contrario Banville, c’est-à-dire qu’il suppose un certain nombre de croyances et d’idées communes au poète et à ceux qui l’écoutent. Je ne sais pas s’il existe une petite chapelle où certains vont écouter Cliff, mais si c’est le cas, je suis prêt à parier qu’ils ne s’y ennuient pas.
Bertrand Degott, sitaudis.fr, 22 mars 2018

Une grande dualité sous-tend la manière cliffienne d’appréhender le monde. Il y a d’une part l’accent porté sur la laideur environnante, la grisaille pluvieuse, la bêtise et la vulgarité, la petitesse belge, l’agressivité des semblables. Et d’autre part l’aspiration à la beauté, à la bonté – le kalos kagathos des Grecs anciens –, à la grandeur, à l’idéal, sans verser toutefois dans la grandiloquence romantique. Ainsi le rejet du méprisable et le désir de l’exaltant se renforcent-ils mutuellement, en une complémentarité surmoïque. Daniel Laroche, Le Carnet et les Instants, 27 mars 2018
Vivre au jour le jour avec le même vent à respirer / le même pain au bec : Ces vers, en début de recueil, accrochent l’oeil et l’attention. William Cliff est devenu mélancolique, triste comme un pinson devant la fuite du temps, mais il n’a pas fini de chanter. (…) Parce que le tombeau toujours comprendra le poète, nous sommes promenés par une langue précise, agile et désuète, entre le jardin d’Eden et le volcan d’Empédocle, du Dôme de Milan à une cave de Manhattan où cuisent des oeufs, par des vers mélomanes où le sacré côtoie la banalité d’une panne d’électricité. (…) Pour les survivants et les artistes, elle est tout un monde, imprimé d’abord sur deux yeux, puis par deux mains. C’est ce dont a l’air Au Nord de Mogador. Un autre monde, brodé tout contre le nôtre, où l’on marche sur la plage sans penser au temps qui fout le camp. Où l’on rencontre la planète entière à des comptoirs encombrés, au bout des voies de chemin de fer. Le tout scandé par des vers de circonstances, à la profondeur définitive.
Marie Céhère, Littérature francophone, 22 avril 2018