Nickel chrome, par Marc Vilrouge

Carte blanche de Marc Vilrouge

L’interdit donne de la saveur, la censure du talent.
Pour tout vous dire, j’en aurais crevé d’avoir des parents soixante-huitards. Et je n’imagine pas, plus tard, vivre dans une démocratie trop libre.
Gâteau sur la cerise, je suis contre la légalisation du cannabis ! Un vieux con, me direz-vous ? Disons que je revendique le droit de préserver chez moi, dans mes 35 m2, un îlot d’anarchisme.
Chez moi, c’est tout petit mais c’est à moi ce petit coin.
35 m2 n’ont aucune valeur au pays des libertés, ils seraient totalement décotés si tout le monde écrasait ses clopes sur le parquet ou dans l’assiette, si tout le monde se baladait à poil en chantant à tue-tête du Mylène Farmer.
Imaginez un peu mon balcon, il serait déclassé si la culture du cannabis était libre, pfft… en cendres mon jardin de curé.
Et que dire du manque. Quelle saveur peut bien avoir un joint quand le dernier coffe-shop ferme aux horaires de l’épicier arabe de quartier ?
Du foin !
Non décidément, c’est bon de se promener avec une barrette en poche dans le XXe, c’est raison d’y mettre du sien et des sous.
Comment vous faire comprendre que je vis dans un monde sacralisé où le rituel a ses vertus, sa beauté.
Moi, j’aime quand un texto d’Eliane m’annonce « j’ai du bon chocolat dans ma tabatière ». J’aime le parfum d’Eliane et le froid de sa cage d’escalier. J’aime son regard de souris et la discrétion du geste. J’aime le feu sous la glace, et les sous-entendus, oh oui les sous-entendus ! – pas de littérature sans sous-entendus.
J’aime l’interdit et la censure.
J’aime l’interdit et la censure parce que je suis anarchiste.
Je suis mauvais jusqu’à l’os, pas la moelle. C’est vrai, la gangrène travaille mon corps, mais la colonne vertébrale, elle, reste à jamais saine et droite dans l’axe du Bien (pas celui de Georges W. Bush faut-il le préciser ? Oui, il le faut).
Bref, sommes le 29 décembre 2003, 16 heures, les rideaux sont tirés, mon chat Berlioz chasse une mouche dont l’âge se mesure en heures, et j’ai envie de soupirer comme Brigitte Fontaine : Ah que la vie est belle !

Marc Vilrouge

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