La perle noire, par Sylvie Dazy

Carte blanche de Sylvie Dazy

C’est un coquillage fait d’aspérités et dont la chair flasque ressemble à de la morve. On le mange vivant, un peu citronné selon les goûteurs.

Au fond des eaux il bloblotte, s’ouvrant et se fermant de son clapet préhistorique. Animal paraît-il, parce que ça vit et que ça meurt.

Sa seule chance, il l’ignore, c’est le grain de sable. Celui-ci se glisse, se dépose dans l’intimité du mollusque, se colle à sa glaire. Une conscience vague cherche à expulser l’intrus, n’y arrive pas, et dans sa rage se met à produire un suc qui l’enveloppe et se cristallise.

Du coquillage hideux naît une perle. Dans certaines, la lumière n’a pas choisi de se refléter, la perle est alors dite noire. Elle révèle une transmutation incomplète, une appétence vers le drame jamais résolue. Les reflets gris ou noirs de la perle noire trahissent son origine : un fond de vase, un âge obscur, une laideur originelle.

 

 

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