Allons z’enfants…

Redécouvertes

ISBN: 9782842638580

Genre: Roman

Date de parution: 13/06/2016

Nombre de pages: 448

Couverture : Camille Cazaubon

Prix: 23€

Préface de: Michel Dalloni

Allons z’enfants…

Redécouvertes

Réédition de cette épopée libertaire parue chez Calmann-Lévy en 1952. La vie d'un enfant de troupe, qui résiste à l'abêtissement, à l'abrutissement militaire.

Catégorie :

Résumé :

1952, souvenez-vous, c’était un temps faussement raisonnable, celui de la IV e merdoyante, de l’affaire Dominici et de l’emprunt Pinay, de la guerre d’Indochine et de Jeux interdits. Parut alors, cette année-là et chez Calmann-Lévy, un de nos plus vibrants vade-mecum de la mal-pensance et bréviaire de la désertion manifeste : Allons z’enfants…, roman de l’anar repéré Yves Gibeau, roman que les Français (que l’on sait parfois frondeurs et sans grand goût pour l’alignement) plébiscitèrent à la hauteur de trois cent mille exemplaires vendus. Un temps vraiment déraisonnable ! Pour ledit Gibeau, l’avenir pourtant s’annonçait clair, le ciel bleu et la route bien large : fils de militaire, papa le place, tout fier et derechef, aux Andelys, chez les enfants de troupe, fière caserne plantée à l’ombre du château Gaillard. La fête dure dix ans, aux Andelys succède Tulle. 1939, l’homme passe aux travaux pratiques avec une Seconde Guerre mondiale qui s’achève pour lui en camp de prisonniers. De tout ce carnaval sanglant, Yves Gibeau conservera un mépris teigneux et une haine viscérale de la chose militaire et de l’humanité galonnée, vision pacifiste qui passe tout entière dans cet Allons z’enfants… où le jeune Chalumot, fils de l’adjudant Chalumot, allume la chambrée et perturbe l’appel. La geste libertaire d’un gamin rétif à l’ordre et hostile à toute forme de militarisation des consciences. Un classique de l’insoumission à relire d’urgence, ouvert par une vrillante préface de Michel Dalloni, dont ce fut le premier achat conscient et risqué en librairie, et qui, d’un trait, dit la chose : " La liberté est un combat contre la connerie dont le prix est celui de la vie. " Et j’le prouve.

On en parle :

Yves Gibeau, enfant perdu dans la pénombre d’un grenier inconnu

Robert Louis, Actualitté, 14-03-2017

 

Un soldat d’aplomb  
D’abord paru en 1952, ce récit enfin ré­édité reste fort, mon­trant le refus d’un en­fant de se plier à la dis­ci­pline mi­li­taire.  R evoici en li­brai­rie un fa­meux best-sel­ler de 1952. Au mo­ment de sa pa­ru­tion chez Cal­mann-Lévy, Al­lons z’en­fants… avait fait cou­ler pas mal d’encre, ébloui les uns et agacé les autres. Il faut dire que son ta­len­tueux au­teur, Yves Gi­beau (1916-1994), n’était pas du genre à mâ­cher ses mots. Ce der­nier ra­conte ici l’ex­pé­rience ter­rible d’un gar­çon de 13 ans qui lui res­semble sans doute comme un frère. Fort et bien bâti, Simon Cha­lu­mot est le fils unique d’un ad­ju­dant re­traité aux longues mous­taches et à l’es­prit obtus. Le gar­çon est in­tel­li­gent, il a été reçu pre­mier au cer­ti­fi­cat d’études. Il n’a pas de­mandé à étu­dier le "mé­tier des armes", son père a dé­cidé pour lui.  Il lui faut donc un matin quit­ter Reims et se di­ri­ger sans joie vers l’école mi­li­taire pré­pa­ra­toire des An­de­lys, en Nor­man­die, afin d’y être en­fant de troupe. Sur place, Simon est af­fecté à la pre­mière sec­tion de l’ad­ju­dant Pom­mier, sur­nommé Mous­tache. Le ma­tri­cule 2154 plonge d’em­blée dans le grand bain. Dès son arri-vée, il a la chance de ba­layer les es­ca­liers des deux étages. Pré­fé­rant aller jouer au "vol­ley balle", il dé­cide de bâ­cler son pre­mier exa­men. Son franc-par­ler n’est pas de mise en pa­reil en­droit. Il doit au plus vite se plier aux règles de l’ins­ti­tu­tion. Constam­ment en désac­cord avec la dis­ci­pline, Simon a éga­le­ment bien du mal avec son rôle de chef de table au ré­fec­toire. Il a pour­tant été pré­venu. A l’école mi­li­taire, les ré­vo­lu­tion­naires se­ront matés, il n’y a nulle place pour les mau­vais es­prits. "Pré­pa­rez-vous à en voir de toutes les cou­leurs. On ne vous épar­gnera pas, croyez-moi vous plie­rez, Cha­lu­mot, où j’y per­drai mes ga­lons", l’aver­tit le ca­pi­taine des Abeilles. Cette vie d’es­clave, Simon la re­jette chaque jour un peu plus, tant elle lui ins­pire "une ré­pul­sion ma­la­dive, proche de la haine" …   Fils d’un ad­ju­dant de car­rière, ayant lui-même fré­quenté les lieux qu’il dé­crit, Yves Gi­beau sa­vait par­fai­te­ment de quoi il par­lait. La force de son récit reste au­jour­d’hui in­tacte. Même s’il peint un monde loin­tain et uti­lise fré­quem­ment un argot d’époque, l’au­teur de La Ligne droite (1956) et des Dingues (Edi­tions des Equa­teurs, 2004) s’avère tou­jours aussi per­ti­nent dans sa des­crip­tion d’un jeune héros obligé de pas­ser de l’en-d’une ma­nière sa­le­ment bru­tale. Son vi­brant por­trait d’un in­sou­mis fait tou­jours au­tant fré­mir.
Alexandre Fillon, LIRE, 28 avril 2016

 

Petits soldats d’infortune

Mi­li­ta­ristes s’abs­te­nir ! Tous ceux, en re­vanche, qui ont en hor­reur la chose mi­li­taire de­vraient se pré­ci­pi­ter sur le livre d’Yves Gi­beau, bien qu’il ne soit pas une nou­veauté mais la ré­édi­tion d’un chef-d’œuvre du genre. Ce roman, plus vrai que na­ture, tant il colle à la bio­gra­phie de son au­teur, du moins dans ses jeunes an­nées, a été d’abord pu­blié en.. 1952. Il eut alors un suc­cès phé­no­mé­nal, la dif­fu­sion dé­pas­sant les trois cent mille exem­plaires.

En 1952 pour­tant, la France d’An­toine Pinay et des " In­dé­pen­dants et pay­sans " ne pa­rais­sait guère ca­pable d’ai­mer ce livre dé­ran­geant, anar, ir­res­pec­tueux, d’une vio­lence in­ouïe, quasi " cé­li­nienne ", re­vanche d’un en­fant privé d’en­fance par la vo­lonté d’un père, lui-même mi­li­taire de car­rière, an­cien de 14-18. En 1952, sou­ve­nons-nous, la " der des der " était en­core très pré­sente dans les fa­milles, dans les mé­moires, dans les pay­sages et les conver­sa­tions. Les an­ciens com­bat­tants ra­con­taient des " his­toires d’an­ciens com­bat­tants " dont la plu­part avaient trait à la pre­mière des deux guerres mon­diales. Celle que la France avait " ga­gnée ", contrai­re­ment à la Se­conde dont les vain­queurs ve­naient de loin.

Le jeune Simon Cha­lu­mot, le héros de ce gros bou­quin, a treize ans dans les an­nées 1935 quand il de­vient " en­fant de troupe ". L’ex­pres­sion, au­jour­d’hui tom­bée en désué­tude, si­gni­fiait que les jeunes fils de sol­dats ou de gra­dés, morts ou vi­vants, pou­vaient bé­né­fi­cier d’une édu­ca­tion à la dure, mais gra­tuite, dans des ca­sernes à eux ré­ser­vées, à la condi­tion qu’au terme de leurs études en al­ter­nance – en­sei­gne­ments ci­vils et mi­li­taires mêlés – ils s’en­gagent pour dix ans de car­rière mi­li­taire. Dix ans pour la dé­fense de la pa­trie, cela ne se re­fuse pas quand on est le fils d’un an­cien de 14-18, pétri de tra­di­tions, mi­li­ta­riste jus­qu’au bout des épau­lettes et obtus comme il ne de­vrait pas être per­mis de l’être. L’ad­ju­dant Cha­lu­mot n’a qu’une idée en tête : que son fils suive son exemple et de­vienne of­fi­cier, un jour, en­suite héros si pos­sible pour tou­jours. Et c’est à coups de pied dans le der­rière et à grandes gifles qu’il s’ef­force de faire adhé­rer le fis­ton à ses pro­jets.

Mais rien n’y fait : plus les an­nées passent, plus le fils du héros de 14 est en butte à la bê­tise et à la vio­lence sa­dique de sous-of­fi­ciers qui le battent, lui confisquent ses livres, l’hu­mi­lient pu­bli­que­ment de­vant les autres en­fants de la même troupe. Il sera mal­traité jus­qu’à sa ma­jo­rité, des An­de­lys à Tulle, avant de re­trou­ver une li­berté ci­vile peu avant le dé­clen­che­ment de la Se­conde Guerre mon­diale. Ce n’est pas de chance, lui qui rê­vait de de­ve­nir réa­li­sa­teur de ci­néma de­vient fi­gu­rant d’une guerre qu’il exècre et, sans dé­voi­ler la fin du roman, on peut dire qu’il ne ga­gnera rien au contact de la dure réa­lité des com­bats aux­quels par­ti­ci­pera aussi son père dé­testé. Ils se re­trou­ve­ront donc, mais trop tard.

En­fance sac­ca­gée, vie volée, mé­pris des gra­dés et de cer­tains ca­ma­rades de ré­gi­ment, on ne sau­rait dire que le récit d’Yves Gi­beau, écrit au scal­pel et très vi­vant, soit mar­qué par la gaieté. Et en­core moins par la convic­tion que " ser­vir la France " et ho­no­rer son dra­peau soit le comble de la bonne vie. C’est un che­min de mi­sère qu’em­prunta l’en­fant de troupe, entre les bri­mades, les in­jus­tices, les tra­hi­sons, les amours im­pos­sibles et les prin­cipes ab­surdes d’une or­ga­ni­sa­tion au ri­tuel dé­ri­soire en­tiè­re­ment tour­née vers le bour­rage d’idées idiotes dans des crânes préa­la­ble­ment vidés de tout sens cri­tique. C’est du moins ainsi que le vé­curent le jeune Simon et son mo­dèle, l’au­teur, Yves Gi­beau.

Sa vie du­rant, jus­qu’à sa mort en 1994, Gi­beau vécut ce pa­ra­doxe d’une haine de la guerre et d’une fa­mi­lia­rité so­li­daire avec ses ac­teurs. L’an­ti­mi­li­ta­riste écri­vain, né dans la Marne, s’ins­talla près du Che­min des Dames qu’il ar­pen­tait constam­ment en hom­mage à ceux qui y furent vic­times de ce que l’on ap­pel­lera leur " de­voir ". Aux yeux de Gi­beau, ils avaient été plu­tôt vic­times des illu­sions ré­pan­dues par les puis­sants qui dé­ci­daient du sort des hu­mains sans leur de­man­der leur avis. L’an­ti­mi­li­ta­riste pous­sera le pa­ra­doxe jus­qu’à se faire en­ter­rer dans le ci­me­tière du vil­lage dé­truit de Craonne, dans l’Aisne, haut lieu de la souf­france des " poi­lus ". Yves Gi­beau l’in­sou­mis était un homme de grand cœur qui mou­rut en­vi­ronné de livres et de fan­tômes de pauvres sol­dats tom­bés au front et dont il vou­lait se sou­ve­nir comme ses frères en mal­heur hu­main. En­fant de troupe privé d’en­fance mais pas de mé­moire fra­ter­nelle.

Bruno Frap­pat, LA CROIX, 21 avril 2016

Ce clas­sique du roman de bi­dasse, paru en 1952, est au­jour­d’hui ré­édité. Récit d’ap­pren­tis­sage d’un fils d’ad­ju­dant em­bri­gadé contre son gré dans une école mi­li­taire, ce plai­doyer anar contre la sot­tise, à l’ar­got un peu désuet, garde toute sa force.   

Baptiste Liger, L’EXPRESS STYLES, 20 avril 2016

Soixante-quatre ans après sa pa­ru­tion " Al­lons z’En­fants ", le cé­lèbre roman d’Yves Gi­beau connaît une nou­velle jeu­nesse. Le Di­let­tante vient de le ré­édi­ter à 2999 exem­plaires, chiffre fé­tiche de cette bonne mai­son. Sur la photo de la cou­ver­ture, l’en­fant de troupe, vi­si­ble­ment aux anges, n’est évi­dem­ment pas l’en­fant de troupe Gi­beau qui, de­venu adulte et ro­man­cier, a réglé ses comptes avec l’ar­mée dans un poi­gnant récit au­to­bio­gra­phique de­venu d’em­blée, en 1952, un best-sel­ler. Tombé dans l’ou­bli, il connut une éton­nante ré­sur­rec­tion quand le ci­néaste Yves Bois­set, fas­ciné par ce livre au temps de sa jeu­nesse, réa­lisa son rêve : le por­ter à l’écran. Le 11 mars 1981, à l’ini­tia­tive de notre jour­nal, le film fut pré­senté en " pre­mière na­tio­nale " à Char­le­ville-Mé­zières. Ce fut là une… pa­trio­tique ma­nière de rendre hom­mage aux at­taches ar­den­naises d’Yves Gi­beau. Comme il ai­mait par­ler du vil­lage d’Avaux dont il fré­quenta l’école com­mu­nale et où il dé­cro­cha le pre­mier prix du can­ton au cer­ti­fi­cat d’études pri­maires ! Dans la pré­face " d’Al­lons z’En­fants " par Le Dille­tante pro­vi­den­tiel­le­ment ré­édité, Mi­chel Dal­loni té­moigne du choc que fut pour lui la dé­cou­verte, par ha­sard, en 1974 de ce roman alors qu’il avait qua­torze ans. De ce jour, Yves Gi­beau ne le quitta plus. " Je n’ai ja­mais cher­ché à le ren­con­trer pour de vrai, écrit-il. Ça ne sert à rien de le re­gret­ter ". Croyez-moi, Mi­chel Dal­loni, moi qui eus la chance d’être l’ami de cet écri­vain fa­bu­leux, vous vous devez de le re­gret­ter ! Yauque, nem ! 
 Yanny Hureaux, L’ARDENNAIS, 25 mai 2016

Denis Billamboz, CRITIQUESLIBRES.COM, 14 avril 2016


PRESSE DE L’ÉPOQUE
:

 

"Vous connaîtrez de suprêmes extases, de voluptueux frissons, voire des spasmes de joie en lisant Allons z’enfants…

René Fallet, Le Canard enchaîné

 

Allons z’enfants… vaut d’abord comme un document humain, probablement irréfutable, et, nous en témoignons, bouleversant. Quand on ferme le livre, il faut quelque temps pour se remettre de cette lecture.

Jacques Brenner, Paris-Normandie

 

Livre magnifique, libre et généreux, éclatant de jeunesse et de révolte. Il faut absolument lire ce roman, l’un des plus forts et des plus humains qui soient.

Jacques Peuchmaurd, Arts

 

C’est là un très grand livre, dont la force corrosive s’égale à celle des Gaîtés de l’Escadron. Je prédis à Gibeau une très belle carrière d’écrivain non conformiste.

Jean Mauduit, Témoignage chrétien

 

Voilà un roman : des êtres qui vont, qui viennent, qui pleurent, qui rient, qui parlent, qui gueulent, dont les gestes et les paroles sont tout un avec leurs sentiments. Aucun trucage, aucun remplissage… Le livre est un réquisitoire d’une violence inouïe, un réquisitoire contre les hypocrisies qui ruinent le bonheur des hommes. Et il rayonne d’une santé exaltante.

Maurice Faure, L’Observateur

 

Yves Gibeau n’est pas de ceux qui rusent, abordent indirectement les difficultés et se dérobent aux responsabilités qu’ils ont commencé par choisir. Mais que nous soyons d’accord avec lui ou que ses idées nous choquent, nous ne restons pas insensibles à son talent.

Jean Blanzat, Le Figaro littéraire

 

Voici un beau livre. Enfin ! Son mérite est si simple que pour en dire du bien il faudrait éviter toute littérature. On devrait dire : il est beau lisez-le.

Robert Coiplet, Le Monde