Petits plaisirs d’un dilettante, par Laurent Maréchaux

Carte blanche de Laurent Maréchaux

Même au Dilettante les traditions se perdent. Dans ce bastion des mots ciselés et des belles histoires, le progrès technologique a renvoyé au magasin des accessoires désuets la délicate «Carte blanche» à laquelle était priée de se soumettre les auteurs maison à l’heure de la sortie en librairies de leur précieux tapuscrit. Dorénavant, un entretien-vidéo, rondement mené, tient lieu d’exutoire aux déambulations intellectuelles de l’écrivain. Fini le temps où les plumes prometteuses dévoilaient leurs joies d’en avoir terminé avec leur pensum et délivraient au compte-gouttes les affres de leur cheminement créatif.
Traits d’esprit et répliques orales audacieuses ne sauraient remplacer cette « cerise sur le gâteau » qui, bien avant d’avoir reçu l’imprimatur maison, faisait rêver l’apprenti écrivain, impatient de figurer aux côtés d’une Anna Gavalda, d’un Ludovic Roubaudi ou d’un Éric Holder dans ce panthéon des billets d’humeur.
Fuyons les modes, soyons rétrograde et ne boudons pas ce petit plaisir réservé aux seuls dilettantes. Tout nouveau roman s’accompagne de petites joies qu’il serait mal venu de passer sous silence : la réponse, toujours téléphonique, du despote maison pour vous avertir que votre roman a passé avec succès la redoutable épreuve de la première lecture, la journée de corrections où le maître des lieux malmène votre prose et vous pousse dans vos ultimes retranchements, le choix d’un titre et d’une couverture, la relecture des épreuves, la découverte du premier exemplaire imprimé, l’exténuante journée de dédicaces à destination de la presse et des libraires, l’apparition du livre sur la table du libraire du coin suivie ou précédée de la première chronique. Ultime plaisir, jamais vécu à ce jour, s’asseoir dans un train ou un bus et découvrir avec émotion que le voyageur qui vous fait face est plongé dans la lecture de votre roman.

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12/09/2008