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Maurice Pons

« J’ai beaucoup de mal à parler de ma vie et de mes livres. Parce que l’histoire de ma vie se confond avec celle de mes livres et que je confonds résolument ce que j’ai vécu avec ce que j’ai imaginé et écrit.
Est-il vrai, par exemple, comme je l’ai écrit dans mes Souvenirs littéraires qu’à l’âge de sept ans j’ai rencontré Jules Romains sur un quai de gare et que cet événement considérable a suscité en moi la naissance fulgurante d’une vocation ?
Est-il vrai que j’ai rencontré le bon Dieu lui-même dans une pissotière de Strasbourg, où je suis né, comme je le raconte dans mon premier recueil de nouvelles, Virginales ?
Ai-je vraiment conduit en voiture, à travers la France en guerre, un responsable du Front de Libération National de l’Algérie, comme dans mon récit Le Passager de la nuit ?
Ai-je vraiment vu des prêtres en soutane blanche, enterrer dans le sable du désert le corps nu de ma sœur Enina ? Et assisté à un coïtus captivus public organisé dans le village glacial des Saisons ?
Ai-je vraiment disparu dans la taverne, la chambre, le lit, le ventre de Rosa, dans cette principauté inimaginable de Wasquelham ?
Et ce cadavre décomposé que je n’ai jamais repêché dans la Seine et dans Mademoiselle B. ! Et cette Torpédo que je n’ai jamais dévoré pièce par pièce et par amour, dans Le Festin de Sébastien ! Et ma chère Agathe que j’ai retrouvé dans sa petite robe rose, pleurant au bord de sa tombe au lendemain de ses funérailles (Douce-Amère).
Tels sont quelques événements et personnages que j’ai connus ou imaginés – mais surtout écrits, décrits, façonnés de mots en mots, de phrases en phrases. Et à la main ! Un peu comme le vannier façonne ses paniers et ses corbeilles au Moulin d’Andé, en Normandie où je vis toujours, attendant et espérant, qu’il m’arrive encore autre chose, avec le seul d’attraper, avec mes corbeilles de mots, un peu de durable beauté… »

Maurice Pons est né à Strasbourg le 14 septembre 1927 et mort le 8 juin 2016.


Bibliographie chez d'autres éditeurs :

Métrobate, « La porte ouverte », Julliard, 1951.
La Mort d’Éros, Julliard, 1953.
Virginales, Julliard, 1955 ; Christian Bourgois, 2001.
Le Cordonnier Aristote, Julliard, 1958.
Le Passager de la nuit, Julliard, 1960 ; Le Rocher , 1991.
La Vallée, Les Lettres nouvelles, 1960.
Les Saisons, Julliard, 1965 ; Christian Bourgois, 1992.
Rosa, Denoël, 1967.
La Passion de Sébastien N., Denoël, 1968 ; réédité sous le titre Le Festin de Sébastien, Le Dilettante, 2000.
Chto !, Christian Bourgois, 1970.
Mademoiselle B., Denoël 1973.
La Maison des brassuers, Denoël, 1978.
Pourquoi pas Métrobate, Balland, 1982.
L’Enterrement d’Agathe, Denoël, 1985.
Douce-amère, Denoël, 1985 (Grand prix de la nouvelle de l’Académie française 1985) ; Le Dilettante, 1997 (épuisé).
Embuscade à Palestro (réédition du Cordonnier Aristote), Le Rocher, 1992.
Souvenirs littéraires, Quai Voltaire, 1993 ; nouvelle édition, Le Rocher, 2000.